73   1596
26   474
93   1929
230   2500
223   2631
268   5586
69   1545
110   1498
234   4491
577   1634

Récit de mon accouchement

Chaque fois qu’il arrive quelque chose d’un peu intense dans ma vie, je ressens le besoin d’écrire. C’est donc logique que je le fasse aussi pour cet évènement unique que j’ai vécu il y a peu, c’est-à-dire mon accouchement. J’ai besoin de le raconter, pour moi avant tout, pour ne pas oublier chaque petits détails de cet évènement, pour pouvoir relire ces mots, pris dans le vif de ce que j’ai vécu, dans 20, 30, 40 ans. Je vais décrire ce moment simplement, en commençant par le début. Un début qui comprend aussi ces deux dernières semaines qui font, pour moi, parties intégrantes de la fin de grossesse jusqu’à la rencontre tant attendue.

Le neuvième mois.

Je suis rentrée de vacances sereine et détendue dans l’optique de passer ce neuvième mois tranquillement chez moi et profiter des derniers instants. Je me sentais encore très en forme, je dormais plutôt bien et j’étais reposée. En rentrant, un mois avant mon terme, on s’est rendus à mon avant dernier rendez-vous chez le gyneco. Là, il m’annonce que mon col est à moitié effacé et ouvert à un doigt large. Il me dit alors « je ne serais pas étonné que ce bébé se montre avant terme », j’avoue qu’il a ajouté « bien sûr, je ne suis pas devin et sans contractions, bébé n’arrivera pas » mais cette partie, sans totalement l’ignorer, j’avoue que je ne l’ai pas vraiment assez écoutée… vous connaissez le coup de « ça rentre par une oreille et ça sort par l’autre ? » Oui voilà, c’est ce que j’ai fait !

Au début du mois de septembre ça allait encore, même si je commençais à me poser des questions sur tous les petits symptômes nouveaux, en me disant est-ce que c’est le début de quelque chose ? 

Et puis j’ai commencé à vraiment m’impatienter 2 semaines avant terme, quand même, il aurait presque dû être là ! Ça correspond au moment où j’ai eu de plus en plus de petites contractions, du mal à bouger et surtout du mal à dormir. Des contractions si intenses que j’ai fini à la maternité pour des douleurs dans le dos toutes les 10 min qui finalement étaient un « faux travail ». Des contractions qui finissent par s’estomper et qui entrainent juste votre uterus et participent à faire descendre le bébé, des moments frustrants où vous vous dites « ça y est, il arrive ? » et finalement vous prenez un bain et puis non… (j’ai tellement pris de bain que je me disais que j’étais une catastrophe écologique à moi toute seule) quand c’est une première grossesse vous ne savez pas, vous doutez de tout, les périodes de frustrations ont été vraiment nombreuses, empirées par le fait que LA TERRE ENTIERE me demandait tous les jours « et alors, où ça en est ? »… (Ce n’est pas méchant mais ça m’a tellement pesé de devoir répondre à chaque fois que non, bébé n’était pas arrivé). 

J’étais fatiguée, mal à l’aise avec ce ventre beaucoup trop gros, et impatiente, tellement impatiente qu’il sorte et de le rencontrer. J’en pouvais plus de partager mon corps. C’est difficile à avouer mais je lui en voulais presque de prendre autant de temps et d’être si mal. Heureusement j’étais très bien entourée, je me souviens même avoir dit à ma mère « je suis sûre de pas faire de dépression post partum mais je suis en train d’en faire une pré partum ». Elle m’a répondu de ne pas m’inquiéter, que ce sentiment partirait une fois que j’aurai mon bébé et même si j’avais du mal à la croire, elle avait raison. Je garde quand même un souvenir assez mauvais de ces deux dernières semaines, de ces très longues journées à attendre dans mon canapé sans savoir comment me positionner, sans savoir quoi faire à part du ménage, du ballon, prendre des bains pour le faire sortir plus vite (les filles, ça ne marche pas, s’il ne veut pas il ne sortira pas), sans pouvoir sortir très loin « au cas où j’accouche » et surtout, cette solitude quand tout le monde travail et vie et que vous, vous êtes proche d’être handicapée,… mais ce sentiment d’en vouloir à mon bébé ça, c’est totalement parti. J’en ai pleuré souvent la nuit, à bout de nerf de ne pas m’endormir, de me relever une septième fois pour faire pipi, d’avoir des contractions qui ne mènent à rien… mais oui, je revivrai mille fois cette salle période pour l’aboutissement qui va avec, pour tenir mon bébé, cette espèce de détresse ne s’oublie pas, ça, c’est faux, mais vous vous dites que c’est finalement bien peu à supporter vu ce que ça finit par apporter… 

Je profite de ce petit texte pour remercier certaines mamans d’insta qui se reconnaîtront si elles me lisent, des mamans qui vivaient ou ont vécu exactement la même chose que moi et qui m’ont soutenu, sans le savoir, elles m’ont vraiment beaucoup aidé. Et puis évidement aussi mes amies et certains membres de ma famille.

Fin de grossesse : 

Le vendredi 21 septembre à 8h45, veille de mon terme, dernier rendez-vous chez le gynéco. Il me dit que mon col n’a pas bougé et que je n’ai pas de chance, bébé à l’air bien au chaud. Il me parle donc du déclenchement, je ne voulais pas vraiment en entendre parler, moi je voulais un accouchement qui démarre naturellement, je voulais vivre ce moment où tu dis au papa « il faut aller à la maternité ça commence ». Je ne voulais pas avoir rendez-vous pour accoucher comme avoir rendez-vous pour se faire retirer les dents de sagesse, je l’aurais très mal vécu… 

Il m’explique donc qu’à partir du lendemain, il faudrait que j’aille tous les jours faire un monito de contrôle et que 5 jours après, le jeudi donc, je serai déclenchée par sécurité. Pour le bien de mon bébé et sans autre choix je l’aurais fait, bien évidement, mais a contre cœur. Surtout pour cette première grossesse. Bref, il ajoute qu’il est de garde le dimanche et le jeudi et que du coup il y a de grande chance pour que j’accouche avec lui. Ce petit point m’a mis du baume au cœur. Il faut savoir que j’ai un gynéco génial, humain, à l’écoute de ce que veut ses patientes et jamais dans le jugement. Je voulais vraiment accoucher avec lui.

Je rentre à la maison et je me souviens avoir parlé à mon bébé en lui disant allez on à 6 jours devant nous c’est maintenant ou jamais, il faut sortir. Je passe une nouvelle journée très très longue à déprimer seule dans mon canapé (je connais toutes les émissions débiles de l’après-midi et Netflix n’a plus de secret pour moi). Vers 17h30, une contraction assez forte me fait me tordre de douleur. Avec tout ce que j’ai eu comme faux espoirs je me dis que non ça ne doit pas être ça. Et puis 10 min après une nouvelle, et ça toute la soirée. On commence à chronométrer les contractions vers 22h, je prends des spasfons et un bain voir si ça passe tout seul vu que depuis 17h30 elles restent au même rythme et à la même intensité. Vers une heure, un peu épuisée, j’appelle la maternité qui me dit « si vous êtes à terme venez, on va vérifier ».

Accouchement : 

On arrive à la maternité le samedi à 2 heure du matin, je suis prise en charge par une sage-femme adorable qui m’examine et me dit col effacé et 2 doigts larges, elle me dit que le travail est lent mais que ça a changé depuis le matin. Elle ajoute « je vous mets sous perfusion pour que vous dormiez un peu on va avoir besoin que vous soyez en forme pour pousser, on mettra la péri dans 4-5 heures. » Enfin !! ça y est c’est parti j’accouche, on me met même le petit bracelet avec les infos importantes. On nous installe dans une salle de pré travail et sous perfusion je m’endors, mon pauvre mari, lui, se tape le fauteuil tout pourri pour la nuit… A 8 heures le samedi matin une nouvelle sage-femme entre, celle que j’avais gentiment surnommé deux semaines plus tôt « la connasse ». (Une femme qui m’avait fait très mal en m’examinant alors que je lui avais dit et que je trouvais froide et distante, qui répondait à peine à mes questions et qui donnait l’impression de s’en foutre royalement, une connasse donc…). Je me ferme comme une huitre et répond à peine pour éviter d’être désagréable. Elle m’examine, je lui dis à nouveau qu’elle me fait très mal, elle me répond il faut se détendre ça fera moins mal. Mon gynéco et les autres sages-femmes ne m’ont JAMAIS fait mal eux bizarrement… 

Elle me dit que mon col est à un doigt et que je ne suis pas près d’accoucher. Heureusement que mon mari était là, j’étais tellement perdue d’entendre ça et mal à l’aise de douleur que je n’ai rien répondu. Il a posé LA question qu’il fallait et qui ne sortait pas de ma bouche : « mais ça peut se refermer un col ? on était à 2 cette nuit je ne comprends pas ? » et voilà qu’elle nous répond : « non mais alors ça c’est subjectif ça dépend des doigts des gens… » euuuuh ok merci et elle continue en disant, « bon de toute façon ça n’avance pas et puis c’est bon hein au pire vous êtes déclenchée jeudi… Là vous allez rentrer chez vous prendre un bain et des spasfon la maternité est pleine de toute façon. » 

J’ai vraiment eu l’impression qu’elle ne me croyait pas et que je lui faisais perdre son temps. J’étais vraiment perdue, je me disais : « mais j’ai vraiment mal là alors c’est quoi, encore un faux travail ? Qui dure depuis hier soir ? »

Je me décide à lui parler et je lui demande ce que j’ai et si je n’accouche pas, pourquoi j’ai si mal ?

Elle me répond que ça arrive et que bon de toute façon je reviens pour le monito de contrôle le lendemain et qu’il n’y a pas de mal à être déclenchée (rien à voir, je ne lui avais pas du tout parlé de déclenchement) et puis voilà, elle est partie en disant bon bah bonne journée. Bonne journée ? La blague, je me suis sentie totalement abattue et découragée. Donc en fait j’accouchais pas ? J’avais mal pour rien ? Sur le chemin du retour j’ai dit à Romain qu’on y retournait que quand la tête du bébé était à deux doigts de sortir, je voulais plus aller là-bas pour rien et encore rentrer sans mon bébé dans les bras, trop de frustrations, trop d’espoirs vains. 

J’ai passé un samedi horrible à tourner en rond avec des contractions qui revenaient cette fois toutes les 7 min. J’ai aussi commencé à avoir des pertes de plus en plus importantes. J’ai fait du ballon, j’ai marché dans mon salon, j’ai pris des spasfons et 3 ou 4 bains. J’avais toujours aussi mal alors j’ai mis en application les cours de préparation et j’ai commencé à respirer en visualisant la flamme d’une bougie à ne pas éteindre et puis j’ai attendu. Pour ma prochaine grossesse je saurai que toutes ces contractions étaient bien des contractions de travail. J’aurai moins de question et je sais maintenant ce que ça fait vraiment, mais quand c’est la première fois, tout ça est tellement nouveau qu’on ne se fait pas confiance… 

Finalement, j’étais plutôt contente d’attendre chez moi car ça a été long et tourner en rond dans une maternité c’est pas le pied. J’aurais juste aimé qu’on me dise « Madame le travail a commencé mais comme c’est un premier bébé on préfère que vous attendiez chez vous, la maternité est pleine et vous serez plus à l’aise à la maison », mais pas qu’on remette en doute ce que je ressentais, et qu’on ne m’explique rien. De tout le personnel de la maternité ou j’ai accouché, « la connasse » a été la seule à être si peu professionnelle. Après en avoir parlé à mon gyneco, il s’agissait d’une vacataire… J’ai pas eu de chance. Et finalement je suis contente de pas avoir accouché le samedi, l’équipe que j’ai eu le dimanche a été tout simplement parfaite, en tout point.

Dimanche matin, après une nuit chaotique sans vraiment dormir, a continué de douter de ce qui m’arrivait, on retourne à la maternité à 9h pour le monitoring de contrôle. Pour vous dire à quel point je doutais d’accoucher j’ai sonné en disant « je viens pour le monito de contrôle, je suis à terme +1 ». La sage-femme me dit « on va vous mettre en salle de pré travail j’arrive ». En me voyant pliée en deux dans le couloir elle me dit « mais attendez, vous venez pour un contrôle ou pour accoucher », j’ai répondu « bah un peu des deux je crois ». Je lui explique notre périple, elle me regarde pleine de compassion et me dit « allez, à votre tête je pense que c’est pour aujourd’hui, on va en salle de naissance ». Ma sage-femme s’appelait Sana, une femme compétente et adorable avec qui je me suis tout de suite sentie à l’aise.

A l’examen j’étais à dilatée à 4. Elle me dit « allez, c’est vraiment pour aujourd’hui, on patiente encore une petite heure et on pose la péri » (bon, une heure de plus après mes presque deux jours de galère, c’est parti hein ! Je vais éclater la main de mon mari et respirer, je n’imagine même pas la douleur sans péridurale vu celle que je ressentais à seulement 4). Elle me remet le bracelet et mon mari lui dit : « vous êtes sûre que c’est bon là, on ne va pas ré enlever le bracelet et le col ne va pas se refermer ? » elle rigole et nous dit « non je crois pas, pas avec moi ». 

Petit point péridurale, honnêtement les filles ça ne fait PAS MAL. Pour info, je déteste les piqures, j’ai déjà mis de la crème anesthésiante pour une prise de sang et des patchs bébé pour un vaccin (oui j’assume tout haha). Le cathéter dans le poignet pour la perfusion fait plus mal. Il suffit de bien se détendre, pas regarder, se laisser guider et laisser faire l’anesthésiste. Il sait ce qu’il fait, il en fait 10 par jours… Je l’attendais tellement après ces heures à avoir mal que je n’ai même pas pensé à la taille de l’aiguille. Et honnêtement, 15 min après, je ne sentais plus rien du milieu de la cuisse jusqu’au nombril. C’est la plus belle invention de l’histoire de l’humanité haha !

Je suis restée 7 heures sous peri à attendre l’arrivée de mon petit bout. 7 heures ou j’ai été détendue, j’ai dormi et beaucoup ri avec mon mari, ma sage-femme et mon gynéco aussi qui est passé 2-3 fois avant que j’accouche, simplement pour voir si ça allait pour moi. Je garde ce qui s’est passé pendant ces 7 heures pour moi. D’une, ça serait très long à écrire, et de deux, il faut bien garder un peu d’intimité. Tout ce que je peux dire, c’est que j’étais enfin sereine et heureuse en attendant mon bébé. 

La rencontre :

Vers 16h, je commence à sentir que ça pousse, on me dit qu’il arrive vite et que je ne vais pas pousser beaucoup. La sage-femme s’installe et demande à aller chercher le gyneco, vu que je suis une de ses patientes et qu’il m’a suivi pendant 9 mois. Il y a en plus dans la salle 2 puéricultrices et une stagiaire. Elles se préparent en riant avec moi, la sage-femme s’installe et c’est partie, à chaque contraction elle me donne le top et je pousse. 

A part cette sensation d’avoir besoin de pousser je n’ai eu aucune douleur, rien du tout. Je me suis laissée guider. Le gyneco finit par arriver, regarde ou ça en est et me dit « oula bah faut que je me dépêche moi, vous voulez toucher la tête de votre bébé pendant que je me prépare ? » Petite hésitation et j’y vais, je touche du bout des doigts sa petite tête. C’est une sensation étrange, c’est un peu mou alors que je m’attendais à un crâne bien dur. Ça me donne envie de tout donner pour le voir enfin, maintenant que je l’ai vraiment touché et senti. En 3 poussées avec le gyneco c’était fait. 16h26, il était là.

On me pose mon bébé sur le ventre, pas de réaction, il est blanc comme un linge et ne bouge pas. Je ne réalise pas tout de suite qu’il ne respire pas, j’essaie de le prendre dans mes bras, on me retire les mains. J’entends des phrases comme « il faut souffler dessus des fois ça marche », « allez bébé on respire », « y avait un petit cordon ? » 10 secondes ou je n’ai rien compris, juste le temps pour mon mari de couper le cordon et la sage-femme a pris mon bébé et est partie. Sans rien me dire. Me laissant là, les jambes écartées, au bord de la panique. J’ai d’abord dit à mon mari « suis le », elles lui ont répondu « non monsieur vous ne pouvez pas venir ». Je ne sais pas trop ce que Romain a fait pendant ces 7 minutes, les plus longues de ma vie, il me dit qu’il ne se souvient pas trop non plus, il a déambulé un peu perdu, sans trop savoir quoi faire.

Au moment où j’allais paniquer vraiment et me mettre à pleurer mon gynéco s’est mis à me parler. Il n’a pas arrêté jusqu’à ce qu’elle rapporte mon bébé. 

Là non plus, je n’ai pas envie de raconter en détail ce qu’il m’a dit, mais il a trouvé les mots qu’il fallait. Grâce à lui je n’ai pas perdu pied, je ne me suis pas laissée submerger, il est resté avec moi et m’a rassurée. Il m’a expliqué ce qu’il se passait dans les détails, il était calme et apaisant, dans ma tête je me suis dit si vraiment il y avait un danger il ne serait pas si calme. Je comprends aujourd’hui qu’elles aient dû partir vite sans m’expliquer, elles ont réagi comme il fallait. Quand un bébé ne respire plus, c’est normal qu’on réagisse sans prendre le temps de dire à la maman ce qu’on part lui faire… Bien sûr je n’ai été sereine que quand j’ai vu mon joli bébé tout rose et bien éveillé, mais sans mon gyneco, je pense vraiment que j’aurais paniqué et surement eu une belle crise de larmes. Je ne saurais décrire mieux ce que j’ai ressenti, je crois que je ne connais pas les mots ou que mon cerveau s’est arrêté de penser, concentrer sur ce que le dc Chauvin me disait pour ne pas défaillir, ne pas sombrer, ne pas y croire. Vous vous imaginez ? Donner naissance à un enfant qui meurt tout de suite ? Je ne peux pas imaginer ça, mon cerveau n’a pas voulu imaginer ça. Alors je suis restée bloquée, presque sans aucunes émotions finalement…

La sage-femme a fait les premiers soins de mon bébé sous mes yeux et surtout sous les yeux de son papa, photographe du jour. Une fois terminé, elle a laissé les puéricultrices lui mettre les manches de son body et est venue me voir, savoir si ça allait, m’expliquer que tout allait bien et que tout irait très bien pour lui, pas de séquelles. Le gynéco a fini de me recoudre (2 points pour une petite déchirure naturelle) et est allé féliciter le papa. Il est revenu à côté de moi, m’a mis la main sur l’épaule pour me féliciter, me dire que j’avais un très beau bébé et me dire que ça avait été un bel accouchement, qu’il était content d’avoir pu suivre tout ça de A à Z. Un discours certainement habituel pour lui mais qui m’a fait du bien, il venait pour conclure totalement cet accouchement, pour me dire ça y est vous êtes maman et tout va bien, je peux vous laisser. En tout cas c’est comme ça que je l’ai ressenti. Il est parti en me disant à très bientôt reposez-vous bien et prenez soin de vous 3.

C’est là que j’ai entendu les puéricultrices dire à mon mari « on va le mettre en peau a peau avec vous monsieur », pardon ? je viens de le faire sortir de moi, je n’ai pas pu le toucher et c’est mon mari le premier ? J’avoue que j’ai pensé ça sans oser le dire à voix haute parce qu’après tout, c’est le papa, il avait autant le droit que moi de l’avoir en premier, lui qui n’avait pas ce lien de la grossesse… Mais quand même, j’en avais bavé pour l’avoir dans les bras… Et finalement, mon homme parfait, qui finit par dire « je crois que je vais laisser sa maman l’avoir en premier ». Qu’est-ce que je l’ai bien choisi ce mari haha ! 

Et voilà, ça y était, c’était concret. J’avais mon bébé, mon petit garçon bien réveillé sur le ventre. On s’est regardé longtemps. On se découvrait, je lui parlais je crois que je lui ai dit « mais que tu es beaux » en premier (pas original du tout mais j’avais tellement peur de le trouver moche, dans le sens où je me disais ça ne serait pas normal mais si ça m’arrive ? haha). Instantanément j’ai compris que cet amour-là était spécial, un amour au-delà de ce qu’on connait. Il est l’être le plus important de mon univers et je comprends le sens de pouvoir mourir pour quelqu’un d’autre… Après ça, on est resté là 3 heures, nos 3 premières heures en famille avec ce petit bout de nous qui représente aussi notre histoire. Là encore, je ne raconterai pas ces 3 premières heures, elles nous appartiennent, mais rassurez-vous, Romain aussi a eu le droit au peau à peau avec son fils ! ^^

Avec le recul, je garde un superbe souvenir de toutes les étapes de mon accouchement, même ce moment critique ou j’ai eu peur pour la vie de mon bébé, je chérirai ces souvenirs toutes ma vie. J’ai été entourée de gens en or, mon mari a géré comme un chef et m’a aidé plus qu’il ne le pense. Je lui ai détruit la main à chaque contraction, il m’a fait rire et il m’a soutenu comme il fallait quand je poussais, il a été parfait. L’équipe qui m’a accompagnée a été bien plus que professionnelle, elle a été humaine et bienveillante. Ils resteront tous dans un coin de ma tête, ils sont ceux qui étaient là lors de la plus belle rencontre de ma vie. 

Je ressens une sorte d’affection pour eux, ils sont spéciaux. Sans être des amis ou des membres de ma famille, c’est encore un autre sentiment, je ne les oublierai pas. Spécialement Sana, ma sage-femme et le Docteur Chauvin, mon gynécologue. Ils ont une place importante dans mon esprit aujourd’hui. J’ai eu l’occasion de les remercier, en plus je garde ce gynéco et j’aurai certainement mon prochain enfant avec lui et ça me rassure vraiment. Avant, je détestais aller chez le gynéco, j’y allais vraiment par grande nécessité. Maintenant, sans que ça soit une super partie de plaisir d’aller se faire examiner, je n’appréhende plus et j’y vais sereine. 

A toutes, l’accouchement est un moment important dans votre vie, surtout quand tout ne se passe pas parfaitement bien. Ne faites pas la même erreur que moi avec « la connasse », si vous ne vous sentez pas bien avec un membre de l’équipe médicale demandez à changer, soyez égoïste. Si vous n’osez pas, demandez à votre mari ou la personne qui vous accompagne de le faire. Ces gens entrent dans vos souvenirs quoique vous pensiez, essayez au maximum que ces souvenirs soient aussi bons que ceux que j’ai. C’est du moins tout ce que je vous souhaite. N’hésitez pas non plus à remercier ces personnes. J’ai pu le faire dernièrement avec mon gynéco et ça a été encore une fois un joli moment. Il fallait que je lui dise qu’il m’a un peu sauvé d’une crise de panique. Il m’a dit qu’au-delà de la technique et de la médecine, c’était pour des moments comme celui-là qu’il aimait autant son métier. C’est un nouveau joli souvenir, je souhaite à toutes les femmes de pouvoir chérir les souvenirs de ces moments précieux. 

Merci de m’avoir lu, si vous êtes à ces derniers mots c’est que vous avez survécu à mon roman. Ça me fait plaisir de partager tout ça avec vous. En espérant avoir rassuré certaines paniquées à l’idée d’avoir des enfants ou tout simplement, vous avoir emmené avec moi dans ma bulle de bonheur en quelques mots.

Bénédicte.

Partager:

5 Commentaires

  1. Tanaïs
    avril 24, 2020 / 7:22

    Waw!
    Peut-on trouver une plus belle histoire que celle d’un accouchement? De plus, racontée avec (je crois) beaucoup d’émotion.
    Moi j’en ai eu en tout cas, en vous lisant. Les larmes aux yeux, de nostalgie je pense. Parce que oui, vous lire m’a rappelé mon propre accouchement et m’a fait ressentir ces émotions qui ne s’oublient pas. Du bonheur, malgré parfois de l’incompréhension, des doutes et la peur. Mais au final, rien n’est plus beau que de voir le visage de son enfant (et encore plus quand on en bave pendant le travail).
    Merci ❤️

  2. Amandine
    avril 25, 2020 / 4:40

    Superbe récit …
    mais je crois qu’on a tous eu une connasse lol j’ai l’impression de revoir la mienne la veille de mon accouchement …

  3. Clemecaruso
    avril 25, 2020 / 9:21

    Magnifique ce texte. Je m’y retrouve bcp avec le travail long la frustration. Que c’est beau de lire ça. Je devrais le faire pour le mien aussi. Ce serait chouette à relire et à faire lire à Wyatt plus tard.

    • Béné
      Auteur/autrice
      avril 26, 2020 / 9:35

      Oui il faut, c’est important de garder une trace

  4. Emeline
    avril 27, 2020 / 3:33

    Je ne suis pas maman mais ton récit était tellement beau. A travers tes mots on peut voir tout l’amour que tu as pour cette petite personne ainsi que pour ton mari. Franchement wahou 😍

Répondre à Amandine Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *