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Revendiquons le droit de déprimer.

J’ai écrit ce texte sur instagram quand mon bébé avait 1 mois et demis (que beaucoup d’entre vous ont dû lire) pour aider les mères à ne pas culpabiliser avec leurs bébés : « Les mamans parfaites ça n’existe pas. Parfois une maman, ça craque, c’est impuissant face à une mini tornade en colère, c’est content de voir rentrer papa pour passer la main. En même temps ça culpabilise de laisser son bébé en détresse. Mais très souvent une maman ça assume seule, ça s’isole et ouvre une fenêtre pour prendre l’air. Ça refuse de laisser pleurer son bébé trop longtemps mais pour son bien ça se réfugie dans une autre pièce pour souffler. Une maman c’est aussi fatigué, une fatigue inconnue jusqu’à ce premier bébé. Elle a peur du cododo mais parfois elle se laisse aller, ou elle n’a pas peur et elle se dit que de tte façon il est mieux là, avec elle, malgré tout ce que les gens disent. Une maman ça allaite, ça accepte de se mettre au service de son bébé ou ça régule les tétés pck on lui a dit de faire comme ça. Ou alors ça donne le biberon, et ça s’inquiète de faire correctement, ou au contraire ça vie pleinement de retrouver son corps. Une maman ça accouche, et ça vie la grossesse, ça accepte de prêter son corps, ça accepte les souffrances pour ce petit être si précieux. Ou parfois ça n’accepte pas et ça subit, mais ça surmonte tout pour cette petite vie. Une maman ça s’inquiète, ou ça ne s’inquiète pas, ça écoute tous les conseils, ou ça ne les écoute pas, mais finalement ça finit par choisir ce qu’elle pense le mieux. Ou des fois les mamans n’y arrivent pas et culpabilisent devant ce qui devrait être, devant une « norme ». Mais tout comme les mamans parfaites, les bébés parfaits, ça n’existe pas non plus. Et encore moins les bébés normés. Alors finalement, une maman parfaite, c’est une maman qui aime son enfant et qui fait tout ce qu’elle pense juste pour lui. Qui essaie toutes les techniques et tous les conseils pour voir ce qui marche et ce qui apaise son bébé. Ça sort de ses grands principes, ces choses qu’elle avait prévus, et ça écoute les préférences de son tout petit amour. A toutes les mamans, chacune vie cette nouvelle étape comme elle l’entend, ne nous jugeons pas, il n’y a pas une seule bonne manière de faire. Il y a la bonne manière de votre bébé. Et ça, personne ne peut le comprendre mieux que vous. »

De nature joyeuse et optimiste, c’est rare que je déprime. Et pourtant. Il y a des soirs, ce genre, de dimanche soir de malaise, ou moi aussi, j’ai besoin de le relire.

C’est dur d’être maman, c’est dur de faire front tout le temps, c’est dur d’être émotionnellement disposée pour son bébé à chaque seconde. De ne pas en avoir marre, de se dire, comparée à d’autres, j’ai de la chance… je n’ai pas à me plaindre.

C’est d’autant plus culpabilisant de penser qu’on aimerait s’échapper juste le temps de quelques minutes quand on sait que chaque jour, des femmes se battent pour porter la vie, des femmes fatiguées sombrent dans la dépression… J’en suis tellement loin.

Alors ces journées ou ça va moins bien, ou j’ai beaucoup moins envie de rire, je me sens illégitime… C’est pourtant très humain, comme on dit, on ne peut pas être heureux tout le temps. 

Mais me dire je n’ai pas à me plaindre, l’entendre de certains, ça me déprime encore plus finalement.

Il y a eu un week end ou je m’en suis beaucoup voulu. Je me suis occupée de mon bébé mécaniquement mais au fond j’avais une seule envie, c’était partir… Le laisser en sécurité avec son papa oui, mais partir. Je me dis même partir dans ma vie d’avant lui. J’étais là, avec lui, sans être là. Et je crois que c’est bien le pire en fait. Ne pas être émotionnellement présente. J’ai tout fait pour m’échapper quand je pouvais, pas comme d’habitude quand je prends un peu de temps pour moi, là c’était m’échapper et oublier. Rechercher cette insouciance quand on n’est pas maman. Comme je m’en suis voulu, j’en ai pleuré. Pourquoi cette réaction ? Pourquoi ce besoin ? Je l’aime si fort que je pourrais en crever et pourtant l’espace d’un instant, j’ai eu besoin d’une pause, une vraie. J’ai culpabilisé toute la soirée ! Je me suis dit que je n’étais pas normale, que je ne devais pas ressentir ça, que, comparé à d’autres, je n’avais pas ce droit. Être là sans être là, c’est les seuls mots que j’ai réussi à trouver pour décrire ça. Me dire que j’étais une mauvaise mère, une mauvaise femme… Finalement, ça n’a pas duré très longtemps, juste le temps de cuver ça, comme une mauvaise gueule de bois.

Alors voilà, être maman c’est aussi ça. Avoir du mal à s’avouer que parfois, malgré la chance qu’on a d’être si heureux, parfois c’est difficile d’être totalement et entièrement dévouée à un petit être, qui en plus, ne peut pas comprendre ce que vie sa maman.

C’est le regarder, s’attendrir au moindre de ses gestes, l’aimer à la folie, mais vouloir fuir très loin. C’est l’aimer à la folie et s’en vouloir terriblement de penser tout ça parce qu’une maman est le roc de son bébé et se sent obliger d’être capable de tout surmonter.

En fait, aucun humain n’est capable de ça. Même si on nous fait croire qu’une maman est un sur humain, même si bien souvent pour ses enfants, elle l’est. Tout ça c’est du bullshit. Faire croire aux mamans qu’elles doivent n’être que mamans n’est pas leur rendre service…

Une maman a le droit de s’effondrer, de prendre une pause, de fuir un peu dans sa bulle. Sans ça, tout être humain craquerait. Je me dis qu’il faudrait arrêter d’imposer aux mamans l’impossible, c’est dangereux. 

Pour elles, qui passent leur vie à s’en vouloir de ne jamais atteindre cette « norme » et pour leurs enfants, qui souffriraient de voir leur maman imploser. 

Être maman, c’est lâcher prise aussi sur ses émotions, c’est se dire qu’en fait on n’est pas seules, c’est se dire que oui, parfois c’est difficile à en chialer et qu’on aimerait tout balancer, tout plaquer et partir élever des chèvres seule sur une ile grecque (quoique là aussi, à un moment, ça nous gonflerait mais au moins on serait bien bronzées) même si on aime ses bébés à la folie… 

Je l’avoue, j’ai besoin de travailler là-dessus. Le lâcher prise matériel a toujours fait partie de ma vie, le lâcher prise émotionnel, c’est nouveau (et quand t’es hyperémotive Denise, ça n’est pas une mince affaire).

Ma petite période de déprime est terminée, elle n’a pas duré longtemps et était liée aussi à d’autres événements personnels et puis à mon caractère, un tout qui m’a fait craquer… 

Je m’en suis tellement voulu d’en vouloir à mon bébé, comme si en fait, le fait d’avoir du mal à tout concilier était de sa faute.

On n’en parle pas, on n’a pas le droit, les gens, et surtout les mères, doivent la fermer et montrer une image lisse, être heureuse et souriante tout le temps dans une maison qui brille avec un bébé qui dort et qui est sage. Denise, ça c’est un mythe, un enfant « sage » c’est un robot, un enfant c’est bruyant, c’est la vie à 1000 à l’heure, c’est une explosion de tout ce qu’il y a de beau et de moins beau, c’est un concentré d’amour qui déborde, c’est l’intensité des émotions à leur paroxysme, c’est brut et c’est ingérable, ça change et ça évolue tous les jours alors pourquoi nous faire croire qu’on pourrait le gérer, qu’on pourrait s’habituer ? 

Ne pas arriver à suivre parfois n’est pas dramatique, s’en vouloir pour ça peut l’être…

Finalement, ce qui m’a aidé à relativiser c’est d’en parler, c’est de me rendre compte qu’au final on est TOUS comme ça. Qu’aucune mère, qu’aucun humain, n’est à l’abris de ça, de cette éternelle remise en question.

Alors à ma petite hauteur, avec la portée de mes mots, j’ose en parler.

Pour vous permettre de vous ouvrir aussi et de vous dire que dans votre malheur de ce dimanche soir trop gris, vous n’êtes pas seul(e)s.

Alors allez-y, laissez-vous déprimer sans culpabiliser, laissez-vous penser que votre vie c’est de la merde, que vous êtes nulles et j’en passe… parlez-en, mettez des mots sur vos déprimes. 

Demain est un autre jour et vous ne penserez certainement plus tout ça, votre bébé ne vous en voudra pas car comme vous, il est humain. 

Les idées grises sont légitimes.

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3 Commentaires

  1. Marion
    avril 24, 2020 / 6:48

    Merci pour cet article qui décrit si bien ce que peut ressentir une maman dans ses moments de faiblesses.

  2. avril 24, 2020 / 7:31

    Complètement d’accord avec tout ça, ça m’arrive de temps en temps d’avoir envie, pour quelques heures ou quelques jours, de retrouver ma vie d’avant. Pas que la nouvelle n’est pas belle, mais c’est fatigant physiquement et mentalement, et parfois on aimerait une pause. Ça me semble tout à fait normal !
    PS : bravo pour ce blog

  3. Leslie
    avril 24, 2020 / 8:51

    🙏🙏

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